Epilogue

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Au sommet de la Création se trouvait le royaume de Kether, le plus inatteignable, le plus pur, siège des séraphins et de l’Ecclésia. Ce royaume était la Couronne du corps détruit d’Adam Kadmon, et avait été épargnée par les cataclysmes des deux Brisures.

Kether n’était qu’un ciel blanc, parsemé çà et là d’îles célestes. En son centre, s’élevait une montagne de cristal, au sommet de laquelle se trouvait le temple du trône d’EL, la part active du Créateur en personne. Le monument contenait son âme-source, véritable soleil aveuglant, consumant quiconque s’en approchait. Ainsi, l’âme d’El était masquée à la vue de l’extérieur, mais les quelques rayons qui s’échappaient du temple suffisaient à illuminer tout le royaume. 

Des millions de séraphins, sous leurs formes de serpents ailés, tournoyaient autour du temple, leurs ailes immenses provoquant la tempête. Els chantaient les louanges du Créateur, pour le maintenir éveillé malgré sa fragmentation, rite initié dans toutes les cathédrales des royaumes des Cieux. Les chants des innombrables séraphins remontaient jusqu’ici, créant un fracas assourdissant. 

Le long de la montagne, il y avait aussi des principautés, qui célébraient la progression ascendante d’un fleuve de lumière. Ce fleuve était composée d’innombrables âmes, qui gravissaient la montagne pour retrouver leur source EL, et se réunir avec l’essence divine pour l’éternité. Ces âmes, incroyablement braves, avaient terminé leurs cycles de réincarnation, car elles avaient réussi les nombreuses épreuves de conscience dressées devant elles sur les routes célestes. À présent, les principautés célébraient leur succès, chantant et dansant pour les propulser au divin sommet. 

Autour de la montagne, les tours du Sanctuaire de Rahab, capitale de Kether, se dressaient telles des torches de cristal. Le Sanctuaire scintillant était comme la base de la coiffe qu’était la Couronne, et abritait des milliards d’élohim. Là siégeait le souverain de ces lieux, le Métatron, archange-roi de Kether. Sa noble figure dominait la terrasse depuis laquelle el contemplait le temple du Trône. Colossale, son envergure projetait une ombre immense sur le sol derrière el. 

— Pourquoi m’avez-vous emmenée ici ? 

Dans l’ombre de l’archange séraphique, l’azoha Ophélia s’abritait, minuscule, couverte de la tête aux pieds par un voile de soie noire. Elle tentait d’observer les traits du Métatron. Mais le brasier de son halo suffisait à confirmer ses soupçons. 

Burrhus…

— Auriez-vous préféré le sort qui vous attendait à la Chokmah ? gronda le Métatron. 

— Quel sort au juste ? 

— Si je ne vous avait pas récupérée, vous auriez fini entre les mains d’Euthanatos, le souverain des Interracs, l’architecte des partzufim. 

Ophélia déglutit. Après un cours emprisonnement à Kokab, une cohorte de séraphins l’avaient enfermée dans un vaisseau et faite quitter Hod, pour toujours, avait-il semblé. Après des semaines de voyages. L’azoha avait débarqué ici, sans qu’on ne lui donne la moindre explication. 

— Sans mon intervention, vous auriez fini dans un chaudron, continua le Métatron. Votre corps fondu. L’esprit mêlé à ceux d’innombrables de vos sœurs. 

— Comme lors du Grand Sacrifice ? 

Métatron grommela, sans répondre.

— Pourquoi m’avez-vous sauvé ? demanda Ophélia, la voix basse mais gorgée de détresse. Je vous ai trahi, du moins j’ai tenté de vous soustraire mon fils. Vous alliez le tuer, par AZ !

— Vous avez vu et entendu bien des choses, rappela le Métatron. J’ai dissimulé vos souvenirs mais la Chokmah aurait fini par les extraire de votre inconscient, de gré ou de force. Je devais donc vous soustraire. Sans vous tuer. Je n’aime pas tuer, figurez-vous. 

— Que va-t-il arriver à Michaël ? haleta Ophélia. 

— El mourra, asséna le Métatron. 

— Non !

— Lorsque Phosphoros éclora, son enveloppe sera consumée. El mourra donc, que ce soit par ma main, ou par celle du destin. 

— Il doit exister un moyen de le sauver !

Le Métatron secoua la tête, désabusé. Derrière el, Ophélia s’effondra.

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